(Avant de lire cet article, je vous invite à lire l’article précédent : Mon premier coup de foudre)
Il existe quelques certitudes en notre monde moderne. L’une d’entre elles est l’utilisation de la glace. Tout le monde sait que c’est un remède miracle extraordinaire. Vous vous êtes cogné la tête? Glace! Votre bambin s’est fait une entorse à la cheville? Glace! Roger s’est étiré un muscle dans une partie de balle molle endiablée? Glace!
C’est très simple. La réponse initiale du corps, qui est l’inflammation, n’est pas la bonne réponse. Votre corps a tort. N’étant pas fait pour se réparer lui-même, il est important de court-circuiter ses mécanismes naturels le plus rapidement possible… Vraiment? Cette prémisse ne vous semble pas un peu étrange? Dans cet article, je vous invite à voyager avec moi à travers plusieurs croyances frigorifiantes et à découvrir d’autres alternatives!
Un mythe qui perdure
Connaissez-vous le docteur Gabe Mirkin? En 1978, dans un livre intitulé « The Sports Medicine Book », il était l’instigateur du fameux protocole RICE dans le traitement des blessures musculo-squelettiques aigües. Ceux qui ont fait des cours de premiers soins connaissent bien cet acronyme (Rest, Ice, Compression, Elevation ou, en français, Repos, Glace, Compression, Élévation). Mais, saviez-vous qu’en 2015, le Dr Mirkin s’est rétracté concernant la glace et l’immobilisation d’une blessure? La théorie derrière ses nouvelles affirmations se base sur l’observation des cellules inflammatoires qui produisent une protéine appelée IGF-1. Cette dernière serait nécessaire à la régénération musculaire. De plus, la stimulation musculaire légère aiderait à l’évacuation des fluides. En effet, ceux-ci doivent être éliminés, une fois leur travail de « nettoyage » complété.
Aussi, jusqu’à ce jour, même les études les plus favorables à l’utilisation de la glace dans ce type de blessures terminent par des conclusions du genre : « il faudrait faire plus d’études ». Ce qui en ressort, c’est que la glace apporte le bénéfice de diminuer la douleur de façon temporaire. Mais il semble qu’elle ralentirait le processus naturel de guérison en ne permettant pas au corps de réagir. Voici une courte vidéo qui vous explique le tout plus en détail. Pour ceux qui comprennent l’anglais, voici une autre petite vidéo très imagée du processus de guérison qui est interrompu avec la glace.
Tiens, c’est comme si cette « nouvelle » façon de voir les choses rejoint la très ancienne vision de la MTC (Médecine Traditionnelle Chinoise). Une vision dite holistique dans laquelle il suffit simplement de supporter les processus naturels du corps. En fin de compte, pourrions-nous dire que ce dernier est une merveilleuse création?
Mais que faire alors pour aider notre corps pour les petits bobos du quotidien? Quelles sont les alternatives à cette méthode? Elle nous donnait pourtant l’impression de devenir des infirmiers qualifiés en sortant le sac de petits pois du congélateur pour l’appliquer sur le genou de l’infortunée petite Suzie après son accident de vélo…
La circulation est la clé
Le mot d’ordre en MTC est « circulation ». Le Qi (l’énergie), le sang et les liquides organiques doivent pouvoir circuler librement afin d’aider le corps à se régénérer. En d’autres mots, les micromouvements musculaires sont bénéfiques, tant qu’ils n’occasionnent pas de douleur. Donc, des mobilisations très douces ou des exercices de Qi Gong peuvent aider le Qi et le sang à arriver jusqu’à la zone en besoin, ainsi qu’aider les liquides organiques à faire leur travail, puis d’être évacués naturellement. Des touchers superficiels et respectueux des tissus impactés peuvent également aider à ramener du mouvement (nous pouvons penser au type de toucher utilisé en drainage lymphatique).

Dans son livre « Iced! The Illusionnary treatment Option », Gary Reinl nous rappelle qu’inflammation et enflure ne sont pas des mots équivalents. L’inflammation est la toute première réponse du corps, alors que l’enflure a lieu lorsque les liquides générés par l’inflammation n’arrivent plus à circuler et s’accumulent en trop grande quantité. Donc, nous dit-il, la première est une amie, sans laquelle aucune guérison n’est possible, mais la seconde n’est pas souhaitable, car elle empêche le grand nettoyage, où les cellules abîmées doivent être éliminées par le système lymphatique.
Évidemment, nos amies les plantes peuvent nous aider dans ce processus! J’aimerais vous présenter ici quelques-unes d’entre elles qui peuvent être de précieuses alliées à conserver à portée de main pour les petits aléas du quotidien. Elles agissent toutes pour activer la circulation et relâcher les tissus. Nous pouvons trouver leurs teintures chez les herboristeries ou les magasins de produits naturels. Je vous suggère de mettre quelques gouttes, trois fois par jour en application topique (directement sur la peau). La plupart de ces plantes peuvent aussi se prendre à l’oral, mais il est toujours plus prudent de consulter un herboriste qualifié. Ces conseils ne sont pas applicables sur une blessure ouverte ou encore dans une situation qui nécessiterait les soins d’un professionnel de par sa gravité.
La pharmacie de la nature
La première plante à privilégier dans les douleurs musculo-squelettiques du quotidien est le millepertuis, car elle active la circulation et réduit la douleur. Même si cette plante est considérée comme un « anti-inflammatoire » naturel, il est important de mentionner qu’elle ne bloque pas la réponse du corps. En fait, elle soutient ce processus et l’harmonise. Il ne faut pas confondre non plus la plante complète avec les extraits de millepertuis. Les molécules choisies et répliquées dans ces extraits atteignent des taux qui peuvent interférer avec d’autres produits naturels ou des médicaments. Utiliser une teinture de millepertuis est donc beaucoup plus sécuritaire que des produits sur lesquels vous retrouvez la mention « extraits de millepertuis ».

Ensuite, pour des douleurs articulaires, le sceau de Salomon est merveilleux. Ces racines, qui ressemblent étrangement à des doigts humains avec des jointures prononcées, viennent activer la circulation en relâchant les tendons. Particulièrement efficace pour les articulations des doigts et orteils, il est tout de même possible d’avoir de bons résultats ailleurs sur le corps. Une personne très tendue dans l’ensemble de son corps pourrait même prendre quelques gouttes à l’oral chaque jour pour amener une détente générale.
La molène est une plante fabuleuse connue pour ses vertus pulmonaires, mais elle peut également aider pour des douleurs et blessures musculaires, pour des douleurs arthritiques dues à l’humidité et des douleurs à la colonne vertébrale. Elle peut également aider pour récupérer plus rapidement suite à une cassure ou fêlure au niveau osseux.
Le plantain est aussi une plante à usages multiples, qui est bien connue pour les piqûres d’insectes, mais elle est aussi efficace pour des entorses ou des contusions. Pour faire un cataplasme, il suffit de rompre la barrière de cette plante extrêmement commune, à l’aide d’un petit couteau, en la froissant avec les doigts ou en la mâchant. Recouvrir avec un linge et laisser travailler de 10 à 15 minutes. Si la saison ne vous permet plus de trouver la plante fraîche sur votre pelouse, vous pouvez mettre des gouttes de teinture sur un linge ou une boule de coton sur la région affectée.

Pour les hématomes, chaque plante a sa couleur de prédilection. Si l’endroit où vous vous êtes cognés est gris ou noir, la sauge sera votre alliée. Si la zone est rouge ou mauve, je vous conseille plutôt d’opter pour l’achillée millefeuille. Enfin, si vous voyez toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, l’angélique aidera à faire circuler les vieilles cellules sanguines abîmées.
Pour aider à relâcher une zone tendue ou « gelée », nous pouvons faire un cataplasme de gingembre qui est d’une nature très réchauffante. Pour ce faire, râper finement une racine de gingembre fraîche, dans une casserole avec un petit fond d’eau. Puis, faire chauffer jusqu’à ébullition et filtrer dans une passoire pour ne garder que la pâte de gingembre. Appliquer ensuite sur la peau à l’aide d’un linge, avec le cataplasme le plus chaud possible, mais sans brûler la peau. Il est possible de réutiliser la même pâte une ou deux fois en la faisant chauffer dans l’eau à nouveau. Ne pas mettre au four à micro-ondes.
Un liniment de plantes chinoises appelé Dit Da Jow est également particulièrement efficace dans toutes sortes de situations. Le terme en cantonais signifie « frappe et tombe vin ». Il s’agit d’une teinture regroupant plusieurs plantes qui activent la circulation sanguine et viennent harmoniser une zone affectée, peu importe que la zone soit trop chaude ou froide au toucher. Elle est particulièrement indiquée pour une contusion, mais je l’utilise aussi en bureau sur des clients qui ont une vieille douleur récurrente. Pour une utilisation sécuritaire, il faut l’appliquer sur les membres (bras et jambes) seulement.
Un second onguent, issu de la pharmacopée chinoise, couramment utilisé dans les blessures reliées aux arts martiaux (tout comme le Dit Da Jow), est le San Huang San. Il contient trois plantes jaunes dans une base de cire d’abeille: l’écorce de philodendron (Huang Bai), la racine de scutellaire (Huang Qin) et la racine de coptis (Huang Lian).
Pour une blessure du genre entorse, certains spécialistes recommandent des gestes très simples : Mettre 3 cuillères à table de gros sel de mer dans une eau tiède. Laisser tremper 15 minutes chaque jour. Les oligo-éléments passent la barrière cutanée et viennent ainsi apaiser les tissus endommagés.
Enfin, prendre un bon bain chaud avec 500g de sel d’Epsom est un traitement royal pour relâcher les muscles et activer la circulation sanguine, permettant au corps de terminer son travail inflammatoire et de revenir à la normale. Il faut y rester un bon 20 à 30 minutes! Profitez-en pour vous relaxer avec musique douce et chandelle pour apaiser le système nerveux.
Aller au fond des choses
Si nous changeons un peu notre vision, peut-être pourrons-nous accepter l’idée que notre corps est supporté par une intelligence qui gère parfaitement de nombreux processus complexes. Lorsqu’il s’agit de guérison, si nous arrivons à comprendre ses actions, nous pouvons le soutenir, plutôt que d’entraver ses plans, en supprimant les symptômes. Ce qui nous amène aussi à être vraiment honnêtes avec nous-mêmes : Voulons-nous réellement guérir ou simplement éviter la souffrance et les inconforts reliés au processus de guérison?
Ainsi, utiliser les plantes pour accompagner le processus n’est que le premier pas. Aller explorer ce qui se cache sous nos malaises est l’étape suivante, plus durable. Comment mangeons-nous? Comment est notre posture? Bougeons-nous trop intensément ou pas assez? Quelles pensées ou quels schémas mentaux nous habitent?
Je vous laisse avec ces quelques pistes de réflexion qui peuvent nous aider à décoder les signaux que le corps blessé nous envoie. Rien ne vaut un dialogue sincère avec nous-mêmes!
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*Avertissement : je vous offre ici quelques conseils qui peuvent être utilisés pour les petits bobos du quotidien. Ils ne remplacent en rien une consultation avec un professionnel de la santé pour une condition grave.